Tout comprendre sur les congés de formation pour salariés et enseignants en France

Congés formation

La formation continue représente un levier stratégique pour évoluer professionnellement. Les congés de formation offrent la possibilité de se former tout en conservant son statut professionnel. Décryptage des dispositifs pour les enseignants et le secteur privé.

Les congés de formation professionnelle pour les enseignants

Les professeurs des écoles et instituteurs disposent d’un droit spécifique : le congé de formation professionnelle (CFP). Ce dispositif leur permet d’enrichir leurs compétences au-delà des formations proposées par l’administration.

Les enseignants titulaires doivent justifier de trois années de services effectifs dans la fonction publique. Les non-titulaires doivent totaliser 36 mois de services effectifs à temps plein. Cette durée peut s’échelonner sur toute la carrière, en une seule fois ou par fragments de minimum un mois.

La rémunération constitue un avantage notable.

L’indemnité mensuelle s’élève à 85% du traitement brut, dans la limite de l’indice brut 650 (environ 2753 euros), et ce pendant maximum 12 mois. Les 24 mois suivants restent non rémunérés, mais la période compte pour l’ancienneté et les droits à la retraite.

L’attribution repose sur un barème complexe.

Les candidats accumulent des points selon leur ancienneté générale de service, le nombre de demandes déjà effectuées et l’avis de la commission suite à un entretien. Les agents en situation de handicap bénéficient d’une bonification de 20 points automatique. Dans les faits, il faut souvent attendre sa sixième demande pour obtenir gain de cause.

Une fois le congé obtenu, l’enseignant doit transmettre mensuellement une attestation de présence effective en formation. À l’issue du congé rémunéré, il s’engage à rester dans la fonction publique pendant une durée égale au triple de la période indemnisée.

Les dispositifs des congés de formation pour le secteur privé

Les salariés du privé n’ont pas accès au CFP mais peuvent mobiliser le projet de transition professionnelle (PTP), également appelé CPF de transition. Ce dispositif remplace l’ancien congé individuel de formation (CIF) depuis janvier 2019.

Le PTP permet de s’absenter pour suivre une formation longue visant un changement de métier ou de profession. Les salariés en CDI doivent justifier de deux années d’activité salariée dont une dans l’entreprise actuelle. Les salariés en CDD doivent totaliser deux ans d’activité dont quatre mois en CDD sur les 12 derniers mois.

La demande doit être adressée par écrit à l’employeur 120 jours avant le début pour une formation à temps plein, ou 60 jours pour une formation à temps partiel. L’employeur dispose de 30 jours pour répondre. Il peut reporter la demande de neuf mois maximum pour raisons organisationnelles, mais ne peut la refuser si les conditions sont remplies.

Pendant la formation, le salarié conserve sa rémunération. Elle atteint 100% du salaire si celui-ci est inférieur à deux fois le SMIC, ou entre 60% et 80% au-delà. La prise en charge financière relève des associations Transitions Pro, qui ont remplacé les Fongecif.

Le compte personnel de formation comme levier complémentaire

Le CPF s’impose désormais comme l’instrument central des politiques publiques de formation. En 2024, 1,4 million de personnes ont utilisé leur compte pour se former, pour un montant total de 2,46 milliards d’euros. Depuis son lancement en novembre 2019, 8,6 millions de dossiers ont été financés, représentant 12,2 milliards d’euros investis.

Les chiffres révèlent une démocratisation réelle de l’accès à la formation.

En effet, 82% des usagers ne sont pas cadres, 34% sont demandeurs d’emploi et la répartition hommes-femmes reste équilibrée. Les formations coûtent en moyenne 1590 euros pour une durée de 66 heures.

L’introduction d’une participation forfaitaire obligatoire de 100 euros en mai 2024 visait à responsabiliser les bénéficiaires. Cette mesure, après avoir provoqué un pic d’inscriptions anticipées début 2024 (notamment pour le permis moto nouvellement éligible), a entraîné une baisse de 14% des entrées sur la seconde partie de l’année.

Le cofinancement employeur reste paradoxalement sous-exploité.

Seulement 9600 dossiers ont bénéficié d’un abondement de l’entreprise en 2024, pour 20 millions d’euros investis. Ce dispositif permet pourtant aux salariés de conserver leurs droits CPF tout en suivant des formations stratégiques pour leur employeur.

Perspectives et enjeux actuels

La réforme de 2025 prévoit de nouvelles obligations pour les employeurs, notamment l’information systématique sur la possibilité de réintégration après une formation longue. Cette mesure vise à sécuriser les parcours et encourager les projets de reconversion.

Les enseignants peuvent également cumuler leur CFP avec leur CPF. Cette combinaison s’avère particulièrement pertinente pour des projets de réorientation professionnelle nécessitant des financements importants. L’accompagnement par un conseiller RH facilite le montage de ces dossiers complexes.

La formation professionnelle poursuit sa digitalisation.

Les congés de formation représentent bien plus qu’un simple droit : ils constituent un véritable investissement dans son capital professionnel. Qu’on soit enseignant ou salarié du privé, ces dispositifs offrent l’opportunité de construire un parcours choisi plutôt que subi, dans un monde du travail en perpétuelle mutation.

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